Bonsoir,
Il s'agit d'un gros morceau que tu entames là et d'après ce que j'ai compris tu passes en première. Tu vas te balader l'an prochain j'ai l'impression et c'est d'autant plus intéressant que tu pourrais justement avoir tout le loisir d'approfondir les notions. C'est un cercle vertueux ce genre de démarche (plus tu comprends et plus tu as envi de comprendre et mieux tu comprend
).
Laissons les mathématiques 2 minutes pour se poser une autre question:
"Pourquoi avoir inventé une théorie lié à la limite d'un taux d'accroissement ?"
"Pourquoi calcule-t-on une limite ? Qu'est-ce qu'une limite d'une fonction en un point ?"
"Qu'est-ce qu'une fonction dérivée ?"
Et là encore toutes cette théorie a été développée grâce à nos conjoints de science à savoir les physiciens. En effet, en physique qu'est-ce qu'une courbe ? Il s'agit de la représentation du mouvement objet sur un papier ou à l'aide d'un logiciel (si l'objet est composé de capteur de position par exemple). Je vais appeler cette objet un mobile (bon là, j'avoue que je me foule pas trop "un objet qui bouge" = "un mobile", bref).
Bon, notre mobile se déplace via une trajectoire et cela donne une courbe. Et là, désastre affreux, nous avons la courbe mais pas la fonction !? Le matheux va devoir mettre les mains dans le cambouis pour retrouver des morceaux de courbes qui correspondent à une fonction puis mettre tous les bouts de courbes les unes à la suite des autres pour avoir une fonction globale de cette trajectoire initiale. On revient donc sur l'intérêt des ensembles de définition, des ensembles image mais aussi sur l'intérêt de connaître l'allure des courbes représentant des fonctions connues (parabole, droite, hyperbole, ...).
Admettons maintenant que le boulot soit fait et que nous ayons retrouvé les bouts de fonctions permettant d'avoir la trajectoire globale de notre mobile. Ensuite, on peut dire que notre mobile est une voiture, un train, un vélo, une planche à voile, un hélicoptère, un marcheur, une bille, une boule de bowling, un balle de golf, une planète, .... bref il y a plein de possibilité. Mais l'étude de la trajectoire est intéressant, certes mais qu'est-ce qui est lié à la trajectoire lors d'un déplacement ? Et bien sa vitesse !!! Et même son accélération mais je laisse de côté l'accélération pour m'appesantir sur la notion de vitesse.
Il existe deux types de vitesse:
- La vitesse moyenne c'est à dire qu'il s'agit du quotient de la distance parcouru par le temps qu'il a fallu pour parcourir cette distance
- La vitesse instantanée c'est à dire étant donné un point de la trajectoire, si on considère que j'effectue une ligne droite à quelle vitesse constante je roulerai.
La première notion de vitesse est la plus connue et surtout la seule réellement accessible en pratique (il faut bien un point de départ et un point d'arrivée pour effectuer le calcul !) et la deuxième vitesse est quant à elle beaucoup plus théorique.
Alors revenons dans le domaine des mathématiques. Nous avons la trajectoire du mobile à savoir pour chaque valeur des abscisses j'associe une valeur en ordonnée. En gros, un effectue le boulot d'un GPS mais en moins sophistiqué là c'est à dire un boulot dans le plan c'est à dire je prend le plan de ma ville et je relève les points de passage de mon mobile en fonction du temps de parcours. Et là, tu constates que mon graphique n'est pas en deux dimensions (x ; y) mais en trois dimension (x ; y ; t) c'est à dire qu'à chaque position je peux associer un temps (le moment on j'ai effectué le relevé). Et maintenant, je pourrais calculer les vitesses moyennes mais je ne vais pas le faire car cela est plutôt compliqué à faire en trois dimension, je vais plutôt transférer mon problème concret vers un problème académique pour comprendre ce qui se passe.
Bon pour comprendre le chose, je vais simplifier, je vais prendre une bille que je vais lâcher à 2 m de haut sans lui imposant de vitesse au départ. C'est à dire que ma bille va simplement tomber en direction du seul dans un mouvement rectiligne c'est à dire avec une trajectoire en ligne droite. Je positionne une caméra sur une table à quelque mètre de moi de telle sorte que l'objectif de mon caméscope contienne ma bille au démarrage et le sol (je veux visualiser la trajectoire de la bille de ma main jusqu'au sol tout simplement). Je démarre le film, je me met en position puis je lâche la bille.
La trajectoire est une droite verticale, je ne vais donc considérer qu'un seul axe pour repérer la position de ma bille en fonction du temps. C'est à dire que j'aurai un droite graduée d'origine la bille à l'instant 0 (non lâchée) et dirigée vers le sol (pour n'avoir que des nombres positifs pour le repérage).
Maintenant, je vais visionner le film et considérant l'instant 0 comme le moment où je vient tout juste de lâcher ma bille. L'avantage d'un caméscope (ou d'un appareil photo faisant des films) ait qu'on a accès au temps de la prise de vue et qu'on peur faire des pauses. Ainsi, je vais construire un graphique de la trajectoire en fonction du temps c'est à dire de la position sur ma droite graduée en fonction du temps qui passe (le temps en abscisses et la position en ordonnée). A la fin, j'aurai donc un graphique de la trajectoire de la bille en fonction du temps.
Utilité ? J'ai accès à chaque instant à la position de la bille. Du coup, je peux calculer la vitesse moyenne entre n'importe quelle point de la courbe que je vient de tracer. En effet:
V
moyenne entre P2 et P1= ( "position 2" - "position 1" ) / ( "temps 2" - "temps 1" )
Transposer sur le graphique cela donne:
V
moyenne entre P2 et P1= ( y
2 - y
1 ) / ( x
2 - x
1 )
Hmmmm, mais ça serait y pas un truc qu'on n'a pas encore définie mais dont tu as déjà parlé ??? Ha mais oui mais c'est bien sûr !!!! Le taux d'accroissement entre P2( x2 ; y2 ) et P1 ( x1 ; y1 ).
Mais alors le taux d'accroissement ne serait qu'une "vitesse moyenne", une espèce de positionne moyenne entre les deux points ? Et bien oui !!!
Cependant, ce n'est pas encore fini !!!! EN effet, la vitesse instantanée lorsqu'on a la courbe de la trajectoire, elle correspond à quoi exactement ?
Elle correspond en fait à la pente de la tangente à la courbe au point considéré. C'est à dire que la vitesse instantanée au point P1, par exemple, sera égale au coefficient directeur de la droite (ce qu'on appelle aussi "pente de la droite") tangente à la trajectoire au point P1.
Attend voir, on aurait pas déjà calculer une approximation très grossière de cette vitesse instantanée ? Mais oui, je men souvient, la vitesse moyenne n'est pas égale à la vitesse instantanée mais cela reste une approximation très grossière de celle-ci et plus les points considérés encadre l'instant dont on cherche la vitesse instantanée et plus l'approximation s'améliore jusqu'à un moment limite où elle devient égale !
Un moment limite ? Attend voir, il est vrai que nous pouvons nous rapprocher autant que faire se peut de chaque côté du point vu qu'autour de ce point la fonction est continue (c'est à dire qu'il n'y a pas de trou dans la courbe). On peut le concevoir aisément qu'il est possible de se rapprocher de plus en plus jusqu'à un moment où la largeur du crayon fera qu'on ne distinguera plus les deux points (pourtant distinct!) qu'on considère. Ha mince, je viens de définir tout simplement la notion de limite, là !!! Il y a une position "limite" où les deux points sont confondu théoriquement (vu qu'en pratique il est clair que cela ne peut exister).
Alors résumons un peu, si on cherche la vitesse instantanée en P2 ( x2 ; F(x2) ),
il va falloir pour tout h dans R, prendre un point M ( x2+h ; F(x2+h) ) puis calculer la vitesse moyenne entre ces deux positions c'est à dire la pente de la droite passant par ses deux points comme ceci:
V(h)= ( F(x2) - F(x2+h) ) / ( x
2 - (x2 + h) )
C'est à dire :
V(h)= ( F(x2) - F(x2+h) ) / h
qui est donc le taux d'accroissement entre P2 et M pour tout h.
Et enfin, il faudra faire se rapprocher le plus possible M du point P2 c'est à dire faire se rapprocher le plus possible h vers 0 ce qui revient à prendre la limite (
si elle existe) de V(h) lorsque h tend vers 0 pour calculer la vitesse instantanée à savoir (
si elle existe mais ici c'est le cas vu que notre mobile à bien une vitesse en tout point à priori) :
V
instant P2= Lim
h->0 V(h) (et on notera se nombre car il ne s'agit que d'une notation F'(x2) )
Et cette limite qui n'est autre que le nombre dérivée de la fonction F au point x2 est la meilleur approximation de la vitesse moyenne c'est à dire le coefficient directeur de la tangente à la courbe au point P2.
Il va falloir conclure par rapport à l'ultime question qui reste en suspens d'où sorte (x-x0) + F(x0) pour la meilleure approximation de la courbe cette fois-ci (et non de la vitesse instantanée) autour du point P2 ?
Et bien, nous allons revenir à la définition. A savoir que la meilleur approximation de la vitesse instantanée au point P2 est donc F'(x2). Et pour la courbe qu'en est-il ? Et bien la meilleur approximation sous la forme d'une droite (c'est cela que veut dire le "affine") aura forcément ce coefficient directeur là (vu qu'il s'agit de la pente la plus proche de la trajectoire au point P2) et ensuite ? Et bien, il s'agit de déterminer la droite passant par le point P2 et ayant ce coefficient directeur là vu que nous cherchons à approximer la courbe au point P2 via une droite nous devons forcément passer par le point P2 ( x2 ; F(x2) ).
Quelle est l'équation d'une droite ? Il s'agit de y = a*x + b avec a le coefficient directeur de la courbe et b son ordonnée à l'origine.
On sait déjà que a=F'(x2) et nous cherchons b. Que savons nous d'autre ? Que le point P2 appartient à la droite par hypothèse, ainsi:
F(x2) = F'(x2) * x2 + b
Après résolution de cette équation, on trouve: b = F(x2) - F'(x2) * x2
Ainsi, l'équation de notre droite est y= F'(x2)*x + F(x2) - F'(x2) * x2
Enfin, en factorisant par F'(x2) le premier terme et le dernier terme, on retrouve l'équation :
y = F'(x2) * ( x - x2 ) + F(x2) qui est exactement ce que tu cherchais à démontrer
Enfin, pourquoi ne pas l'appeler directement la tangente ? Tout simplement parce que la meilleure approximation affine est la tangente à la courbe, nous avons donc deux façon de le dire. Or ce que je viens d'écrire demanderait presque une démonstration car comment est définie la tangente à une courbe ? En utilisant le nombre dérivée ? Si c'est cela, on démontre rien vu qu'on vient de dire que le nombre dérivée nous donnait la pente de le meilleure approximation affine mais pourquoi est-ce la tangente à la courbe si on l'oblige à passer par le point P2 ?
Ce qu'il reste à démontrer est la chose suivante:
Si y = F'(x2) * ( x - x2 ) + F(x2) est l'équation de la meilleure approximation d'une fonction F au point P2
Alors, montrer qu'il existe un intervalle de l'ensemble de définition de F centré en x2, cette droite n'admet qu'un unique point d'intersection avec la courbe représentant F (ce qui est la définition d'être tangente à une courbe).
Rien ne nous empêche de l'admettre bien entendu mais l'idée était de te faire sentir qu'en réalité, il y a encore un petit travail à effectuer car les deux définitions sont bien équivalentes mais encore faut-il le montrer. Bon ce genre de réflexion est hors programme et même très rarement faite car elle est évidente et on dit simplement que la tangente est la meilleure approximation d'une fonction en un point (ainsi, on ne parle pas d'équivalence, on définit juste la notion de meilleure approximation affine et on n'en parle plus et il n'y a pas de démonstration à faire dans ce cas là).
Bien entendu, il existe bien d'autre type d'approximation pour une courbe (approximation polynomiale par exemple à l'aide d'une fonction polynôme de degré plus ou moins grand dont un cas particulier est l'approximation affine et comme toujours en cours on commence par des cas particulier et on généralisera après ou pas en fonction de ton cursus).
En espérant que cela soit plus clair ainsi en tout cas. Ta manière d'appréhender les choses via des testes en enlevant certaine partie d'une fonction pour observer le comportement de la courbe est vraiment une très bonne démarche digne d'une scientifique (ce sont des procédés classique en biologie par exemple mais dans toutes les sciences expérimentales aussi, par exemple que se passe-t-il si je donne une impulsion vers le haut au départ à la bille). D'ailleurs, si tu en as l'occasion et si tu ne l'as pas déjà fait en seconde l'expérience de la chute d'un corps est assez intéressant surtout du point de vu de la vitesse justement, est-ce que la bille accélère toujours ou ralentit-elle à l'arrivée proche du sol ou est-il constante à partir d'une certaine vitesse ? Est-ce que cela dépend de la masse de la bille ? De la hauteur du lâché ? De l'emplacement sur la terre (montagne, mer, plaine, 2ème étage, 10 ème étage) ?Hmm, la science est en marche
.
Bonne continuation!
ps: et l'accélération alors? et bien, il s'agit de la deuxième dérivée de la fonction au point qui nous la donne c'est à dire la dérivée de la dérivée au même point.